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Thématique de la session 2023-2024 du concours

« Résister à l’esclavage : survivre, s’opposer, se révolter »

Pour cette 9ème session, les élèves et les équipes éducatives ont jusqu'au 31 mars 2024 pour réfléchir et mener un projet de classe sur la thématique « Résister à l’esclavage : survivre, s’opposer, se révolter ».

De tous temps et en tous lieux, l’esclavage a suscité des résistances, chez les personnes en esclavage qui tentaient d’échapper à leur condition, mais aussi chez les personnes libres qui dénonçaient cette pratique. Pour répondre à la violence de leur condition de « bien meuble » et négocier au mieux leur place dans les sociétés coloniales, hommes et femme en esclavage ont utilisé des modalités de résistance très diverses. Pour supprimer l’esclavage, hommes et femmes libres se sont organisés et mobilisés dans le monde entier : en 1888, le Brésil est le dernier pays à abolir l’esclavage.

Une lettre du président du concours, Benoit Falaize, inspecteur général de l'Éducation nationale, vous présente l'intérêt du nouveau thème du concours et invite à réfléchir aux enjeux de l'enseignement de l'histoire et de la mémoire de l'esclavage.

pdfTélécharger la note de cadrage 

Pour explorer les diverses formes et expressions des résistances mais aussi des combats contre l'esclavage colonial, la Fondation pour la Mémoire de l'esclavage propose un dossier pédagogique de 32 pages : jalons historiques, ressources documentaires et pistes pédagogiques, pour s'informer, travailler, s'inspirer...et construire un projet avec ses élèves.


SURVIVRE : RÉSISTER AU QUOTIDIEN

Résister, au premier sens du terme, c’est d’abord survivre au quotidien. Presque tous les systèmes esclavagistes impliquent un processus de déshumanisation, contre lequel les personnes en esclavage se mobilisent sans cesse pour survivre, préserver leur humanité, affirmer leur dignité et recréer du collectif.

La fuite – ou marronnage – est indissociable de l’esclavage : elle permet aux fugitifs de se réapproprier leur corps et leur temps, parfois très temporairement, notamment dans les périodes de travaux les plus difficiles sur les plantations, parfois définitivement.

Le corps est le premier instrument du refus : certains hommes et femmes refusent de s’alimenter, voire se suicident. Dans les plantations, ils font parfois le choix de se mutiler, de refuser de mettre au monde des enfants, ou de ralentir la production en opposant la lenteur du corps au rythme du fouet.

Survivre, c’est aussi créer hors de l’entrave de l’esclavage : fabriquer des objets, chanter et danser, se transmettre des recettes médicinales, des histoires, des rites religieux… autant de pratiques qui permettent de réaffirmer son humanité pour dépasser la condition de « bien meuble », et qui soudent les communautés, en esclavage comme en marronnage.

S'OPPOSER : DÉNONCER ET COMBATTRE L'ESCLAVAGE

La traite et l’esclavage sont dénoncés puis combattus par les mouvements abolitionnistes qui plongent leurs racines dans les idées des Lumières et de certaines églises protestantes. Ces oppositions à l’esclavage de la part de personnes libres sont souvent structurées en mouvements organisés depuis la métropole comme la Société des amis des noirs en France), mais dès le XVIIIe siècle, de l’Europe aux colonies, ces idées circulent. Publications de récits d’esclaves, pétitions, tribunes politiques, ou encore propagande par la diffusion d’objets sont autant de supports pour dénoncer et combattre traite et esclavage colonial aux XVIII et XIXe siècles. Cette dénonciation s’est aussi très largement opérée par les arts et la littérature : du Radeau de la méduse à La case de l’oncle Tom, nombreuses sont les œuvres qu’on peut mobiliser.

Hommes et femmes, européens, libres de couleur ou anciens esclaves ont porté ces combats sur différents terrains et territoires sont autant de figures inspirantes à étudier : des combattants tels Louis Delgres ou Solitude en Guadeloupe ; des figures intellectuelles engagées tels l’abbé Grégoire ou Olympe de Gouges en France ; des résistants militants tels John Brown ou Harriet Tubman aux Etats Unis, Zumbi au Brésil... Mais aussi des hommes et des femmes moins connus, qui ont pu mener et parfois gagner des procès contre les institutions coloniales, tel Furcy à La Réunion. Beaucoup sont devenus des symboles des luttes pour l’émancipation et la liberté.

SE RÉVOLTER : DES INSOUMISSIONS INDIVIDUELLES AUX INSURRECTIONS COLLECTIVES

L’histoire des résistances à l’esclavage est aussi celle des insurrections d’esclaves. Sur les navires de traite, les tentatives de révoltes étaient fréquentes, et régulières dans les plantations. En France, les abolitions de l’esclavage en 1794 puis en 1848 sont l’aboutissement d’un combat militant dénonçant activement traite et esclavage ainsi que le fruit de l’action des esclaves qui jouèrent un rôle décisif, de rébellions en révoltes et de révoltes en révolutions. Celle de Saint-Domingue est la plus célèbre : elle aboutit à la première abolition de l’esclavage en France en 1794, puis sous la conduite militaire de Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines à la création de la première république noire indépendante en 1804, sous le nom d’Haïti.

Ces révoltes ont toujours été violemment combattues par les maîtres et les autorités coloniales. Mais dans certains territoires, sur le plateau des Guyanes en Amérique, ou encore à la Jamaïque, de véritables sociétés issues du marronnage se constituèrent de façon durable et obligèrent le pouvoir colonial à composer avec leurs chefs par des traités.

Bibliographie indicative sur la thématique 


Quelques ressources en ligne

Introduction
Une vidéo de 7 mn : « Les esclavisés ont-ils toujours résisté ? » Un panorama des formes multiples de la résistance et une courte bibliographie très utile.
https://oliwonlakarayib.com/les-esclavises-ont-ils-toujours-resiste/

Récits d’esclaves
Un site regroupant des récits d’esclaves traduits en français. Recherche par mots-clés (« résister », « fugitif », « marron »…)
https://esclavesenamerique.fr/

Marronnage
Plus de 15000 annonces d’esclaves en fuite dans aux Amériques et dans la Caraïbe, pour travailler sur des parcours et trajectoire de vie. Documents originaux et transcriptions.
https://www.marronnage.info/fr/index.html

Résistances à La Réunion
Le site du Musée historique de Villele propose un portail de ressources très accessibles sur l’esclavage La Réunion, dont une section dédiée à « La résistance des esclaves à l’île Bourbon- La Réunion » : synthèse, vidéos, documents, exemples… sur les différentes modalités de résistances sur l’île.

Slavery images
Plus 1200 images qui forment un témoignage visuel de la traite de la vie des esclaves d’origine africaine, classées par thèmes, dont une entrée « Punition, rébellion, fugue ». Une notice complète accompagne chaque image.
http://www.slaveryimages.org/

Sur le site de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage
Activistes ! Une sélection de biographies d’hommes et de femmes ayant lutté contre la traite l’esclavage, les inégalités, le racisme… Parmi les filtres proposés, le filtre « Activité » : sélectionnez « activistes ».
Résistances et luttes contre l’esclavage : une sélection de documents variés issus de diverses institutions culturelles